Section 3 : Avantages et défis en ce qui concerne l'utilisation de logiciels libres dans le secteur public

Section 3 : Avantages et défis en ce qui concerne l'utilisation de logiciels libres dans le secteur public #

Avantages #

Neuf facteurs font en sorte que l’utilisation des logiciels libres est idéale dans un contexte gouvernemental :

  1. Ouverture et transparence. Les logiciels libres sont justement ouverts. Ce n’est pas une boîte noire. Les collectivités mondiales et locales sont en mesure de vérifier le code, d’évaluer les implications de sa conception et de se tenir mutuellement responsables.

  2. Interopérabilité accrue. Les logiciels libres sont généralement conçus à partir de modules de sources ouvertes, ce qui signifie qu’un logiciel libre est susceptible d’utiliser les mêmes sous-modules (ou des sous-modules compatibles) qu’un autre. Dans le cas des logiciels propriétaires, les vendeurs sont incités financièrement à créer des dépendances avec leurs propres logiciels propriétaires ou ceux de leurs partenaires. Dans le cas des logiciels libres, il y a une incitation à l’interopérabilité, car celle-ci augmente l’efficacité et la réplication.

  3. Soutien de produits décentralisé, dirigé par la collectivité. Les logiciels libres reposent sur des mécanismes différents pour la mise à jour et la mise à niveau des logiciels, la recherche de bogues et leur correction, mais ils sont en définitive tout aussi sûrs que les logiciels propriétaires. Comme le code est ouvert, les contrôleurs de la sécurité et les contributeurs peuvent inspecter le code pour déterminer s’il présente des risques ou des failles de sécurité. Les projets de logiciels libres appuyés par des collectivités actives sont constamment mis à jour, ce qui garantit le rendement et la cybersécurité dans des conditions changeantes.

  4. Coûts contrôlés. Un logiciel libre est gratuit, et vous avez un contrôle direct sur tous les coûts associés à ce logiciel – que vous embauchiez du personnel en interne ou que vous passiez un contrat avec des prestataires de services externes. Il n’y a pas de frais cachés, de mise à niveau coûteuse, de fonctionnalités payantes ou de renégociations de contrat.

  5. Renforcement de l’économie technologique locale. Les fournisseurs locaux de logiciels sont bien placés pour créer des fonctionnalités ou des intégrations personnalisées pour les organisations gouvernementales, car ils établissent des relations à long terme et comprennent les priorités locales. En revanche, les logiciels propriétaires sont généralement créés et commercialisés par des fournisseurs de logiciels monolithiques qui n’ont aucun lien avec le contexte local. En embauchant des entreprises locales, les gouvernements peuvent renforcer l’économie locale, en particulier son secteur technologique.

  6. Pas de dépendance vis-à-vis du fournisseur. Les logiciels propriétaires peuvent être ancrés dans une organisation de manière opérationnelle ou contractuelle, ce qui désavantage le gouvernement lorsqu’il prend des décisions par la suite. Les fournisseurs de logiciels propriétaires sont incités à créer des dépendances, ce qui rend difficile le choix libre et équitable de la meilleure solution. Les logiciels libres créent des marchés ouverts pour les fournisseurs de tous les types de support.[^1]

  7. Adaptabilité en fonction des besoins. La politique et la réglementation changent constamment (par exemple, les normes d’accessibilité ou les protocoles relatifs aux renseignements personnels identifiables). Les fournisseurs de logiciels propriétaires peuvent ou non publier des mises à jour pour répondre à l’évolution des besoins. Les mises à jour sont coûteuses et peuvent nécessiter la renégociation des contrats. Les logiciels libres, en revanche, peuvent être rapidement adaptés et partagés entre administrations.

  8. Personnalisation en fonction du contexte local et des cas d’utilisation. Si de nombreuses organisations gouvernementales remplissent des fonctions similaires, la manière dont ces fonctions sont exercées peut varier d’un endroit à l’autre. Les gouvernements peuvent répondre à des cas d’utilisation locale très spécialisés en développant leur propre logiciel libre ou en se regroupant avec d’autres gouvernements pour partager un ensemble de modules de logiciels libres et en payant chacun une petite somme pour qu’un entrepreneur local crée des fonctionnalités personnalisées pour leur environnement unique.

  9. Réduction de la responsabilité. Les organisations gouvernementales peuvent utiliser les logiciels libres comme bon leur semble (sous réserve des lois et politiques applicables), sans obligation ni restriction supplémentaire imposée par un fournisseur. En outre, les logiciels libres ne sont pas soumis aux risques juridiques associés aux solutions propriétaires, notamment ceux qui découlent des contrats.

Défis #

L’utilisation des logiciels libres dans un contexte gouvernemental présente cinq grands défis. Par contre, ces défis peuvent être surmontés – et ce cours vous proposera des stratégies et des outils pour ce faire.

  1. Approvisionnement et budgétisation. Les logiciels libres ont une structure de coûts très différente. Le logiciel proprement dit est gratuit, mais il y a des coûts associés à la personnalisation et à l’intégration. Cela signifie que l’on passe de l’achat d’un produit à la conception d’une solution. Il y a souvent un manque de financement pour le développement de nouveaux logiciels, et une résistance à l’idée de les offrir ensuite gratuitement à d’autres. Les normes de passation de marchés, les modèles de contrats et les listes de fournisseurs agréés créent des obstacles à l’obtention et à l’utilisation de logiciels libres ou à la conclusion de contrats avec des fournisseurs de services en ce qui concerne les logiciels libres.

  2. Expertise interne. L’enseignement et la formation que reçoivent la plupart des professionnels du secteur public privilégient toujours les logiciels propriétaires, et les systèmes informatiques sont souvent préchargés de logiciels propriétaires. Pour ces raisons, et bien d’autres encore, les organismes du secteur public s’appuient traditionnellement sur des logiciels prêts à l’emploi proposés par les principaux fournisseurs, au lieu de recruter et de conserver des compétences en interne. Le personnel est souvent traditionnellement formé à l’utilisation de logiciels propriétaires. L’introduction de nouvelles solutions logicielles libres peut donc nécessiter un recyclage.

  3. Disponibilité des fournisseurs. Les petites municipalités et les zones rurales ne possèdent pas nécessairement un écosystème local mature d’entreprises technologiques capables de fournir des services. Et, bien que plusieurs organismes travaillent à travers le Canada et servent un large éventail de clients, il peut s’avérer difficile d’en identifier un qui puisse fournir des services répondant aux besoins de votre organisation.

  4. Taux de changement. Comme les logiciels libres sont souvent développés et maintenus par une collectivité mondiale, ils peuvent avoir des taux de mise à jour et de changement plus rapides ou moins rapides. Si les mises à jour dont vous avez besoin n’émergent pas de la collectivité, il se peut que votre organisation doive procéder à ces changements de manière proactive, ou faire appel à une entreprise qui peut le faire. Lorsque vous envisagez d’utiliser un logiciel libre, il est important d’évaluer le niveau d’activité de la collectivité de soutien et de mettre au point un plan d’urgence au cas où le logiciel en question ne bénéficierait plus d’un soutien adéquat et où vous devriez trouver une solution de rechange.

  5. Gouvernance. Les logiciels libres nécessitent une participation active de la part des contributeurs et des utilisateurs de différentes organisations, ce qui peut créer des difficultés pour gérer la responsabilité de la mise à niveau.